lundi 19 novembre 2018

Thomas picador









Ambiance hivernale pour ce dernier rendez-vous taurin de la temporada 2018.
Hivernale parce qu’il faisait froid et qu’en plus, il est tombé quelques gouttes au troisième toro. Dans ce contexte, les carcasses grillées ont apporté un peu de chaleur et de réconfort avant le spectacle.

Notre Thomas de noir et gris vêtu, a affronté un toro de Jalabert, lui aussi tout de noir vétu, bien sorti, dynamique au départ, puis fatigué assez vite. Quelques passes plus loin, on fit rentrer le cheval. On vit notre toréro entreprendre une conversation avec son picador Nicolas, un échange plus long que d’habitude. Et là, surprise pour le public, le picador, pourtant motivé, est descendu du cheval, Thomas a pris sa place, et se mit en position. On a vu dans le regard d’Alain Bonijol, toujours attentif à sa brillante cavalerie, un soupçon d’inquiétude, mais le toro chargeait déjà. Bien accueilli au cheval, Thomas lui imprima une pique franche, bien dosée, une belle pique quoi! Chapeau bas!
C’est ça l’esprit festival, et c’est ce genre de séquence qu’on aime bien voir dans une telle ambiance.
Ensuite on vit un cambio pour commencer, de belles séries à droite comme à gauche, tout en douceur face à un toro qu’il fallait préserver, avec moins de charge sur la fin, mais qui permit un bon moment de tauromachie.
Vint la mise à mort pour laquelle Thomas s’est essayé  "al recibir". Le premier essai n’est pas passé,  le deuxième tout juste,  mais il a été suffisant pour que la mort  arrive.
Une oreille, et un tour d’honneur devant un public local, content et conquis.

Sinon on a vu aussi une grande prestation d’Alvaro Lorenzo qui a largement séduit l’assistance, en harmonie avec la musique et une trompette en particulier.
Et puis un bon repas entre amis, cuadrillas et aficionados, avec entre autre, une garbure bien chaude, et bien garnie qui a réchauffé les corps et les esprits.

Très bonne organisation à Rion, arène quasi remplie, beaucoup de bénévoles. Pas de trace d’anti-taurin.
 Belle journée pour la fin de saison.

lundi 1 octobre 2018

Corella : une oreille d’un Victorino Martin





Corella ?  Où est-ce que ça se trouve ?
Quand en milieu de semaine, on nous a dit de nous préparer à suivre Thomas là-bas, nous étions peu nombreux à savoir où se situait cette ville moyenne de Navarre.
Eh bien, elle se situe à 90 km au Sud de Pampelune et nous y sommes allés.
Et avec les amis et d'autres, nous étions une petite trentaine. Beau score !

Nous avons trouvé une ville en fêtes avec la tenue de rigueur, en rouge et blanc comme à Pampelune la capitale et découvert une petite arène annoncée pour 3000 spectateurs, coincée au milieu des immeubles, avec sa toiture de tuiles en terre cuite (comme à Ronda)  avec de la musique et de l’ambiance, encore une fois, comme à Pampelune. Quelques navarrais croisés en attendant la corrida, nous ont dit tout le bien qu’ils pensaient de retrouver dans cette arène des taureaux de Victorino Martin et surtout de découvrir « el frances » qui avait fait une oreille à Madrid la semaine précédente, choisi en remplacement d’Emilo de Justo toujours blessé.


Thomas en confiance pour son premier effectua de belles séries classiques, à droite comme à gauche, avec des naturelles exécutées de plus en plus de face. A noter aussi un magnifique changement de main dans le mouvement parfaitement synchro, très pur. Le toro se montra brave, bien sûr un peu vicieux comme le veut la marque des Victorino, mais on vit de très belles choses. Une bonne épée, un descabello foudroyant, et une oreille pour récompense.
Son deuxième fut plus coriace, plus méchant, plus retors. Thomas confiant, lui fit donner une seule pique… Ensuite, il ne put rien faire, si ce n’est de contrôler au mieux des charges courtes, désordonnées, dangereuses. La mise à mort fut laborieuse, pénible, l’épée cherchant à pénétrer la croix magique, s’est perdue trop de fois dans les os entourant ce passage étroit.

Sinon on a vu un beau lot de toros de Victorino, dignes de cet élevage, vigoureux, puissants, dynamiques, vifs, se retournant de suite à moitié charge, tête en bas cherchant les chevilles, jamais fatigués, bouches fermées jusqu’au bout. Des Victorino Martin, des vrais, d’ailleurs à la fin, à l'invitation du public, le mayoral est venu salué sur la piste.

La saison semble se terminer sur cette oreille, du coup on va préparer la prochaine et voir comment on pourra encore accompagner et encourager notre maestro Thomas Dufau.
Félicitations à lui pour cette fin de temporada, à sa cuadrilla unie et solidaire et à nous tous pour ces bons moments que nous partageons ensemble.

A bientôt, et suerte para todos. 

mardi 25 septembre 2018

Grand soleil sur Madrid



Photo C. Vidal




Point de pluie sur la capitale espagnole, pas un nuage, pas une grenouille dehors, cette fois-ci nous n’avons pas eu de problème météo, au contraire ce fut du grand soleil pour tout le monde.

L’équipe des amis et de la peña, s’est retrouvée après l’apartado. Ceux qui y ont assisté avaient en tête ces cornes larges et bien relevées du N° 68 de chez Pallarés, que le sorteo avait destiné à Thomas pour l’après-midi. Pas de toros de chez Palha, refusés par les vétérinaires, mais des Hoyos de la Gitana « trouvés » en remplacement.
Donc après un cocktail de réjouissances gastronomiques, savouré à côté de la Plaza de toros, et après une sieste bien méritée, retour aux arènes, sous une forte chaleur. Pour compléter le décor, un public qui parait clairsemé dans cette gigantesque arène, remplie pourtant à moitié. C’est vrai qu’à Madrid le spectacle parait toujours trop loin et les bruits des conversations se mêlent, dans un brouhaha permanent.

Pour le premier toro de Thomas, on retrouve « Menudero » le N°68 et ses cornes tournées vers le ciel. Thomas le reçoit à la cape par une belle série, avec beaucoup de classe et de franchise. Puis il l’emmène au cheval avec fermeté en le laissant les deux fois à bonne distance. Enfin à la muleta, avec l’élégance et la pureté de son style, il commence par une série de naturelles. Le brouhaha dont je parlais plus haut s’arrêta pour faire place à des « Olés ». La place devint attentive. Là-bas (au loin) Thomas calme, serein,  posé continuait à prodiguer sa tauromachie, classique, épurée, distillant ses passes efficaces avec un toro coopératif. Lors d’une de ces séries, arrivé à sa hauteur c’est-à-dire à deux centimètres de sa taille, le toro s’arrêta, tourna la tête vers lui, et le regarda. Que se sont-ils dit ?? Mystère. La conversation dura trois secondes,... longues.... Thomas ne bougea pas d’un centimètre et juste un frémissement de la muleta, et le toro repartit. Beau moment…
Puis, comme on est à Madrid, pas de fioriture, le public avait adhéré, le couple toro/toréro avait bien fonctionné, l’essentiel artistique et technique était fait, vint donc l’étape de la mise à mort. Une préparation méticuleuse, un engagement total, et… que se passait-il, nous avons vu notre Thomas soulevé par le toro, et là, des cris, de l’inquiétude. On l’a cru embroché par l’abdomen (en fait la corne est passée dans le gilet).  Gros soulagement lorsqu’il se dégagea, et qu’il fonça sur le toro pour lui signifier que c’était fini, qu’il était mort. L'épée était entière. 

La peur d’un instant devint la joie du moment suivant. On a brandi les mouchoirs, sifflé un président qui se faisait prier et la récompense est tombée. Une oreille, une oreille à Madrid !
A ce moment-là, comment expliquer ce qui peut se passer dans le subconscient de l’aficonado, fidèle supporter de Thomas. Comment expliquer d’où vient la force et l’intensité de l’émotion. Pourquoi cette émotion, qui se traduit par des comportements extrêmes, nous envahit-elle comme cela s’est passé sur notre gradin. Pourquoi des pleurs, des gesticulations, des accolades, des embrassades et  des rires qui se mêlent et ne se contrôlent plus. On ne peut pas décrire ce sentiment, il est trop fort. C’est la magie de l’émotion, ressentie exclusivement dans une arène, qui n’existe que dans ce contexte et qui nous marque pour toujours.
Que dire de son deuxième toro, le Hoyo de la Gitana? Rien…

Sur ce défi ganadero, certes on reparlera des Pallarés, mais nous  bien sûr, on reparlera de cette oreille gagnée à la Ventas, de l’émotion qu’on a partagée dans les arènes et des bons moments qui ont suivi, y compris tard le soir….

Félicitations Thomas, bravo, merci et forcément, suerte pour la suite.


Attention restez connecté sur le blog, une journée détente, à venir très prochainement, est en projet.